L'agent K et l'hologramme JOI |
Avant tout, qu’est ce que Blade Runner 2049 ? Blade Runner 2049 est la suite du film culte de science-fiction Blade Runner réalisé par Ridley Scott. Ce long métrage, réalisé par Denis Villeneuve, réalisateur de Sicario, Prisoners ou Premier contact, prend place 20 ans après.
Que
nous racontait Blade Runner ? Dans un futur lointain, en 2019 (plus
si lointain que ça mais imaginez en 1982), les blade runners sont
des agents de police chargés de déceler et de mettre hors d’état
de nuire les réplicants, des androïdes en tout point
semblables à des humains si ce n’est leurs capacités physiques,
fuyant leurs fonctions. Plus les androïdes sont développés, plus
leur durée de vie est limitée, évitant ainsi une humanisation.
Ne
vous inquiétez pas, il n’y aura aucun spoil lors de cet article.
L'agent K avançant dans le désert ocre de Las Vegas |
Dans
Blade Runner 2049, le concept va encore plus loin. A l’instar
du dicton “l’homme est un loup pour l’homme”, certains
réplicants sont eux-mêmes devenus des blade runners, chassant ainsi
leurs semblables. C’est le cas de notre personnage principal,
l’agent K (joué par Ryan Gosling) dont le nom est une
référence à l’une des initiales de l’auteur Philip K Dick,
écrivain de la nouvelle Do Androids dream about electric sheeps
servant de base à cet univers. De prime abord, rien ne permet de
dire que K soit un réplicant, et pourtant…
Une mélodie significative
Dès
qu’un humain entend la sonnerie de téléphone de K ayant
pour thème Pierre et le Loup de Prokofiev, celui-ci
comprendra que K n’est qu’un réplicant. Pourquoi l’emploi de
cette musique ?
Pour
l’analogie avec le conte. Dans la musique de Prokofiev, chaque
personnage est identifié distinctement par un seul et unique
instrument. Ici, l’instrument est remplacé par la sonnerie de K et
permet sa reconnaissance immédiate. Mais ce n’est pas tout,
le thème de Prokofiev est réarrangé de telle manière à ce qu’on
perçoive un manque.
Comment
? Nous avons seulement les premières notes du thèmes. Ces notes
permettent de reconnaître la musique mais la suite étant en
suspens, impossible de ne pas être frustré. Il manque quelque chose
à cet univers de par cette mélodie incomplète. Ce sentiment
de manque est ici pour aider le récit à créer son atmosphère de
spleen propre à l’univers de Blade Runner.
Comme une absence dans cet univers, à l’instar d’une blague
sans chute.
L'agent K blessé, en proie au doute |
Si l’on veut aller plus loin, on pourrait faire le parallèle entre ce découpage de la musique enlevant toute la beauté de la symphonie et la condition humaine, devenue morose et ne permettant plus de contempler ni de savourer la création artistique, reprenant seulement les reliques du passé sans tenter de les comprendre. Ce thème est d’ailleurs développé en filigrane à travers tout le film.
Ce
procédé reviendra plus tard dans une séquence d’affrontement
dans un casino de Las Vegas dévasté :
Parallèle entre le conte et le film
Mais
ce n’est pas tout, le choix du conte musical de Pierre et le Loup
est aussi pertinent car, un dialogue entre le canard et l’oiseau
fait écho avec la diégèse de cet univers dystopique. Dans
le conte, l’oiseau se dispute sans cesse avec le canard, se
reprochant leurs différences, l’oiseau ne comprenant pas
pourquoi le canard ne peut pas voler et le canard ne comprenant pas
pourquoi l’oiseau ne peut pas nager.
Cette incompréhension est la
même entre humains et réplicants, ce sont les différentes
faces d’une même pièce mais où les humains préfèrent voir
leurs différences avec les androïdes plutôt que de se rattacher à
leurs similarités. Évitant ainsi d’humaniser les réplicants.
Affiche du film Blade Runner 2049 |
Date de sortie : 4 octobre 2017
Réalisé par : Denis Villeneuve
Photographie : Roger Deakins
Avec : Ryan Gosling, Harrison Ford, Dave Bautista, Jared Leto, Ana de Armas,...
Genre : Science-fiction
Score IMDB : 8/10